Lorsque j’avais 16 ans et que j’allais à Paris rejoindre Christine, j’avais les cheveux longs, le perfecto, les santiags, une boucle d’oreille à l’oreille gauche et des jeans troués. A Beaubourg et dans le métro, malgré ma dégaine à la « Joey Ramone », jamais je ne me suis fait arrêté. J’ai gardé mes cheveux longs jusqu’en 2018.
Antisémistime, racisme, etc.
Je n’ai jamais supporté le racisme d’où qu’il vienne. Un soir, avec ma 1ère femme Véronique, chez Myrthe et Gérasime, Alain a commencé à évoquer ces drôles de personnes qu’étaient Fabius, Straus-Kahn, Anne Sinclair. Tous « juifs », selon ses mots. Pris au piège dans une soirée à laquelle je n’avais pas été préparé, j’ai alors été très clair. Ou bien la soirée reprenait un cours normal. Ou bien je me cassais, tant les propos qui venaient d’être tenus m’étaient insupportables. Et la seule fois où je me suis fâché gravement avec ma grand-mère Wanda que j’adorais plus que tout, c’est lorsqu’elle m’a parlé des « youpins ». Chez elle, son antisémitisme était viscéral, primaire. C’était hélas une autre histoire. Jamais plus, nous n’avons parlé ensemble de ces sujets qui fâchent. Je l’aimais plus que tout.
A quelques exceptions près, les Français ne sont pas racistes. C’est le pays, comme l’expliquait Simone Veil en 2007, où le nombre de juifs envoyés dans les camps a été l’un des plus faible d’Europe. Cela ne doit pas dédouaner tous ces salopards qui ont dénoncé et se sont enrichis sur le dos des juifs. La réussite tient parfois à peu de « choses », à quelques bronzes, à quelques tableaux, à quelques armoires.
Rupture
Quand j’étais gamin, je me souviens des corons de Sallaumines où tout le monde se mélangeait. Le frère de mon grand-père, Henri Macron, s’est d’ailleurs marié avec une algérienne. Ils ont eu deux enfants. Georges et Corinne. Un beau mélange ! A l’époque, quand j’allais là-bas en vacances jouer sur les terrils, tout le monde se mélangeait : Français, Polonais, Portugais, Italiens et Algériens. Qu’est-ce qui a merdé ?
Les enfants des immigrés se sont fondus dans le moule consumériste, là où il aurait fallu défendre des valeurs alternatives de fraternité et de solidarité, s’engager dans l’économie non marchande. Ils se sont « intégrés » en restant parqués dans leurs banlieues, à nettoyer les trottoirs de Paris et des grandes villes de France. Les politiques ont fait le choix d’installer le câble dans les quartiers. Ils ont fermé les yeux sur le trafic de drogue et les grands frères barbus, pour s’assurer de la paix sociale. A force de dézinguer les éducateurs, les services sociaux et la psychiatrie, les flics sont devenus les seuls acteurs de la République dans toute cette misère sociale et culturelle. Il suffit d’aller à Lens, dans le Pas-de-Calais, pour se rendre compte à quel point notre pays est devenu « liquide ».
Ce qui se passe aux États-Unis, après le décès de George Floyd, est un nouvel accès de fièvre bien temporaire d’une société américaine qui vient de trouver dans le flic un bouc-émissaire, sous le regard amusé de Donald Trump. Le politique s’est retiré de tout. Il n’assume plus aucune responsabilité. Pourtant, c’est lui le seul responsable des éborgnements provoqués par des tirs de LBD en France et de la mort des noirs aux États-Unis.
Keep cool
Récemment, je suis allé porté plainte à la gendarmerie de Brionne, pour insulte envers personne détentrice de l’autorité publique. Une brave dame m’avait traité de « connard ». Sur le fond, elle avait sans doute raison, mais elle n’avait pas le droit de me le dire. Rassurez-vous… Ce n’est pas pour cette raison que j’ai porté plainte. Elle avait surtout insulté Christine, une des personnes de la cantine qui prend son métier à cœur. La gendarmette de faction m’a accueilli très fraîchement, m’expliquant avec beaucoup d’agressivité que, je cite, « Vous les maires, vous faites n’importe quoi. » Sympa, le comité d’accueil. J’ai passé, ce jour-là, un sale quart d’heure à me faire sermonner par des gendarmes remontés contre moi comme des balles. Il faut dire que j’avais attendu son gamin exclu de la cantine à la descente de bus pour le reconduire seul chez sa mère… en colère après moi. J’ai toujours eu cette faculté de garder mon sang froid quand j’ai, en face de moi, une personne agressive. Dans les années 1990, je me souviens de cet adjudant de gendarmerie de Val de Reuil totalement ivre qui m’avait verbalisé pour non respect d’un stop. Il avait raison, tout en ayant le tort d’être complètement ivre. Sur le coup, je n’ai rien dit. J’ai, de guerre lasse, accepté la prune. Je doute du fait que tous les individus normalement constitués sur cette planète auraient réagi de la même façon, face à autant d’agressivité ou d’injustice.
En attendant, jamais, au cours de 56 dernières années, je n’ai fait l’objet de contrôle d’identité de la part d’un policier ou d’un gendarme.
« En attendant, jamais, au cours de 56 dernières années, je n’ai jamais fait l’objet de contrôle d’identité de la part d’un policier ou d’un gendarme. » : une double négation équivaut à une affirmation !!!
Merci Colette. Il y avait un « jamais » en trop.
Si je peux laisser un témoignage d’il y a environ 15 ans: je rentrais de Barcelone en train, l’Indou qui me côtoyait m’indiquait qu’il lui arrivait d’être contrôlé 5 fois dans la même journée.
Moi, j’ai connu un dur qui n’a jamais été contrôlé. ;+)