Considéré par certains comme un personnage quelque peu falot, Roger Federer est un immense champion. J’ai dû le voir pour la 1ère fois à la fin des années 90 à Roland Garros, alors qu’il n’avait pas encore une vingtaine d’années. Je me souviens encore du commentateur de l’époque : « Vous entendrez parler de ce joueur dans les années qui viennent. »
Roger Federer, comme McEnroe, Sempras, Edberg, Gasquet et quelques autres, avait un revers qu’il frappait à une main, variant les coups chopés et liftés. Peu de joueurs de tennis ont eu cette qualité d’alternance dans la frappe de leur revers. Son jeu peu adapté à la terre battue ne lui aura permis de gagner qu’une seule fois le tournoi de Roland Garros en 2009, face au suédois Söderling. Redoutable serveur, Roger fut aussi un très bon relanceur, disposant tout à la fois d’un coup droit ravageur et d’un excellent jeu à la volée. Federer était, en fait, un attaquant de fond de court, doté d’un service très difficile à lire. Sa longévité s’explique avant tout par le fait qu’il savait se nourrir de la qualité du jeu de ses adversaires.
L’un de ses plus beaux matchs, me semble-t-il, est celui qui l’a opposé à Rafaël Nadal en 2017 à l’Open d’Australie, d’où il est sorti vainqueur au terme de 5 sets d’antologie, qui auront duré au total plus de 3 heures. Si vous aimez le tennis, prenez le temps de regarder ce match. : il y a là-dedans toute la science de ce joueur d’exception. Le Suisse nous aura enchantés durant près de 15 ans, en ayant empoché 20 tournois du Grand Chelem : 2 de plus pour Nadal ; 1 de moins que Djokovic. Et le record absolu de trophées à Wimbledon ! Le dernier match qu’il a joué en double aux côtés de Raphaël Nadal à l’occasion de la Laver Cup était empreint d’une grande émotion. Et cette complicité entre les deux joueurs faisait réellement du bien à voir.
Federer était un sorcier, dont la science du jeu manquera au tennis mondial.