Les gilets jaunes en sont persuadés : la France devrait connaître un coup d’État dans les mois qui viennent. En discutant dimanche et lundi avec deux d’entre eux vivant à plus de 500 kilomètres l’un de l’autre, le départ du général Pierre de Villiers et les propos de l’actuel chef d’état-major des armées, François Lecointre, face au Sénat seraient les signaux avant-coureurs de mouvements de troupe au sein de la grande muette. A les entendre, j’avais parfois la sensation que mes deux gaillards étaient dans la prophétie auto-réalisatrice.
Pour autant, je dois vous avouer avoir été surpris par l’appel à l’insurrection de Christophe Chalençon, l’une des figures médiatiques du mouvement de l’automne 2018. Le forgeron du Vaucluse a appelé, je cite, à « tuer » le gouvernement dès le 11 mai. « Nous allons assiéger Paris lundi, jour de déconfinement, avec d’anciens généraux qui préparent le plan pour verrouiller Paris. » Rien de moins. Arrêté lundi, il a été libéré le lendemain, à midi.
Chez Chalençon, cette idée du recours à un général en retraite n’est pas bien neuve. Dans l’analyse de Platon, l’ochlocratie – la chienlit – suit la démocratie et le retour à la normale passerait par le recours à l’homme providentiel. Le souci pour les gilets jaunes est que Pierre de Villiers n’est pas Charles de Gaulle.