Pour se relancer, la gauche aurait donc besoin d’une tribune du Monde ou de Libération, dans laquelle Thomas Piketty – lui ou un autre, avec quelques autres – nous explique la nécessité de s’indigner et accessoirement de construire l’avenir. Invariablement, les signataires sont ou écologistes ou socialistes ou communistes. A l’occasion des dernières élections européennes de 2019, ils n’ont représenté au total que 24% des voix du corps électoral français.
Le coup de la gauche plurielle, ça a marché deux fois dans l’histoire électorale de notre pays, dans des circonstances très particulières. En 1981, Mitterrand était un homme de droite et de réseau et le RPR voulait la mort politique de Giscard. En 1997, c’est la dissolution qui a propulsé Jospin au pouvoir par le plus grand des hasards. Grâce à lui, DSK aura pu mettre en œuvre les stocks-options et Martine les 35 heures.
Dans cet appel désespéré, jamais, ô grand jamais, le mot souveraineté n’apparaît. Il y est question d’Europe, sans jamais dire ou proposer ce qu’il faudrait y changer. Ne comptez pas sur eux pour renverser la table : ils sont allongés dessus ! Des mots creux qui semblent ignorer les programmes de rachat massif de dette souveraine opérés depuis Mario Draghi par la BCE. Le problème n’est plus là. Dame Christine va prolonger l’œuvre de son prédécesseur, dans le brouhaha du courroux de faussets du tribunal constitutionnel de Karlsruhe. L’économie et les banques allemandes dépendent très largement des déficits et de la dette des pays du sud de l’Europe.
A la lecture rapide de ce texte, ce qui m’apparaît le plus important, c’est le contraste entre une représentation digne de vieillards de la politique, sourds aux mouvements de la société sur fond d’opportunisme politique personnel, et la relative jeunesse de ses signataires. Une chose est sûre : ce n’est pas de chez eux que viendra la solution ! Affaire suivante.