Il flotte, dans ce pays, comme un drôle de parfum, qui n’est pas sans nous rappeler les temps où les Juifs et les Polonais étaient considérés comme des sous-hommes en France d’abord et un peu plus tard en Allemagne. Si la rédaction de Valeurs Actuelles a choisi Danièle Obono pour lui rappeler que ses ancêtres furent des esclaves, c’est, à mon sens, d’abord parce qu’elle a ce tort d’être une femme. La droite légitimiste française, à l’image des islamistes, des juifs et des catholiques orthodoxes, n’est pas particulièrement connue pour prôner l’émancipation de la femme.
Avant Madame Obono, ce sont Najat Vallaud-Belkacem, Fleur Pellerin, Christiane Taubira et Sibeth NDiaye qui eurent cet honneur suprême d’être les soufre-douleurs de la fachosphère française, là où Ségolène Royal en 2007 fut juste considérée comme une petite gourdasse par ses « amis » socialistes et par tant d’autres. Les femmes en politique – surtout quand elles ont le défaut d’être « pigmentées » – ont toujours eu droit à un traitement de faveur de la part de ces vieux chnoques de la droite légitimiste.
Par ses positions identitaires, Madame Obono est loin, très loin d’être une amie politique, au même titre que Marc Menant, qui vomit sa bile sur CNews en compagnie de son ami Eric Zemour. Là, s’arrête la comparaison ! Je ne crois pas que le fait de revendiquer sa couleur de peau – blanche ou noire – ou sa religion – son athéisme aussi – ou ses origines – polonaises ou gabonaises – comme déterminants suffise à se qualifier politiquement dans notre République.
Hier, en soutien à la députée, la Méluche a tenu ce propos ordurier sur Twitter : « Marianne, Valeurs Actuelles, Charlie : ça suffit le harcèlement nauséabond contre @Deputee_Obono« . A moins d’être atteint par une forme de dégénérescence sénile, comment est-il possible de mettre sur le même plan l’universalisme clairement revendiqué par Marianne et Charlie Hebdo avec le légitimisme politique nauséabond de Valeurs Actuelles ?
A l’image de Caroline Fourest, me souvenant que Madame Obono n’a jamais voulu pleurer la mort de Cabu, Charb, Tignous, Wolinski et Bernard Maris qu’elle a qualifié de caricatures racistes les dessins de Charlie Hebdo, je tiens à lui adresser un message de soutien « universaliste » fraternel et sincère, au delà de nos désaccords fondamentaux et rédhibitoires sur la vision que nous pouvons avoir de la République. Madame, vous êtes et resterez une adversaire politique.
« «Au cours des dernières 72 heures, j’ai pleuré, un peu, beaucoup, quand même. J’ai pleuré, un peu, jeudi. En pensant aux 12 personnes mortes. » Daniele Obono, à propos des attentats de Paris de janvier 2015. https://www.liberation.fr/checknews/2019/02/19/daniele-obono-a-t-elle-plus-pleure-pour-dieudonne-que-pour-charlie-hebdo-comme-l-affirme-guillaume-d_1710225
@juan
«Je n’ai pas pleuré Charlie.» Un plus loin : «Toutes les fois où des camarades ont défendu, mordicus, les caricatures racistes de Charlie Hebdo ou les propos de Caroline Fourest au nom de la «liberté d’expression» (des Blanc-he-s/dominant-e-s) ou de la laïcité «à la Française». Mais se sont opportunément tu-e-s quand l’État s’est attaqué à Dieudonné, voire ont appelé et soutenu sa censure…» Des caricatures racistes ??? Elle dit tout et son contraire, notre députée LFI.
source : https://www.liberation.fr/checknews/2019/02/19/daniele-obono-a-t-elle-plus-pleure-pour-dieudonne-que-pour-charlie-hebdo-comme-l-affirme-guillaume-d_1710225
Je n’ai pas vu la publication Facebook avec ce billet et je n’ai pas réussi à commenter avec l’iPhone. Pas grand chose à dire à part des remerciements pour l’avoir pondu !
Merci Nicolas. Ton article est aussi très bien pensé, très bien écrit.