Comprendre le vote vert

Comprendre le vote vert

Compte tenu de leurs scores, les maires verts de Strasbourg, Bordeaux, Grenoble, Lyon, Tours,  Besançon, Poitiers ou Colombes n’ont pas été exclusivement élus par des électeurs de gauche, comme d’ailleurs Anne Hidalgo à Paris. Par leur vote, les Français ont voulu faire passer un message. « Chiche, essayons-les ! » Devons-nous être nécessairement de gauche pour dire qu’il faut moins de bagnoles  et plus de transport en commun ? Faut-il être de gauche pour s’inquiéter des perturbateurs endocriniens et surtout des pesticides de synthèse, de l’effondrement de la biodiversité ? Devons-nous être de gauche pour considérer que le nucléaire n’est pas la solution à la fin des énergies fossiles ? Faut-il être de gauche pour que nous nous attelions enfin à un plan massif d’isolation de nos habitats ? Nous sommes nombreux à vouloir une alimentation saine, loin du modèle de cette agriculture productiviste condamnée à périr et exporter des produits bas de gamme aux pays dits du tiers-monde.

Gardez-moi de mes amis.

Voter écolo n’est pas voter à gauche, même si les penseurs et les militants l’écologie politique viennent plutôt de cette partie de l’échiquier. Pendant des années, le PS a sous-traité toutes les questions d’écologie aux Verts, en leur assurant quelques strapontins. D’où viennent Jean-Yves Le Drian, Didier Guillaume, Gérard Collomb dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils sont des ennemis de l’écologie politique ? Un des soutiens à l’ancien maire de Lyon a même comparé l’accès des verts à la mairie de Lyon à celle d’Hitler en 1933. Quel abruti ! Au Havre, alors qu’il y avait une véritable chance d’ébranler notre Doudou national, les cocos ont fermé la porte aux écolos. La gauche n’aime pas l’idée de décroissance, décroissance dans laquelle ont sombré les classes moyennes des pays développés depuis de nombreuses années, avec le concours actif des SocDems et des SocLibs qui ont largement favorisé les plus fortunés d’entre nous. Que la gauche balaie devant sa porte ! Si elle en est là, en état de mort cérébrale et électorale, c’est d’abord à elle qu’elle le doit. La crise écologique dans laquelle s’enfonce l’humanité est et sera avant tout une crise sociale, touchant les plus faibles d’entre nous.

Qui en 2022 pour incarner cette sensibilité écolo ?

L’élection présidentielle de 2022 est loin d’être faite d’avance. Et, très sincèrement, je ne vois pas les Français rejouer le match de 2017. Jamais dans l’histoire de la 5e, à l’exception notoire du Duel Giscard-Mitterrand, une élection présidentielle ne s’est répétée quant aux candidats présents au 2e tour. Je vous le prédis donc assez facilement : ou Le Pen ou Macron ne seront pas au 2e tour en 2022. Et, pour la 1ère fois, il y a de sérieuses chances pour qu’un candidat incarnant la sensibilité écolo soit au 2e tour de la Présidentielle. Et ce ne sera ni Julien Bayou, ni Cécile Duflot. Avec la conférence citoyenne, Macron a remis sur orbite l’écologie politique, comme Sarkozy l’avait fait avec le Grenelle de l’environnement, pour mieux fragmenter la gauche et pour choisir un adversaire qu’il considère à sa main. Le Grenelle a enfanté Europe Ecologie, qui était sur le point dès 2009 de prendre le leadership à gauche. A l’époque, les verts avaient proposé un programme très éloigné de l’écologie punitive dont personne ne veut dans notre pays. Il y a un vrai coup à jouer en 2022 et c’est maintenant que ça se prépare, en tachant d’agréger cette fois toutes les sensibilités, contrairement à ce qui s’était passé aux régionales de 2010. J’avais expliqué à mes camarades Taliverts de l’époque que l’avenir de l’écologie politique dans ce pays passait d’abord – comme partout en Europe – par son autonomisation. Parlant des verts, Gaby Cohn-Bendit a cette phrase : « C’est dans le pire qu’ils sont les meilleurs. » J’ose croire qu’ils sauront tirer les enseignements de ce scrutin des élections municipales. Avec eux, c’est loin d’être gagné.

 
5 replies on “ Comprendre le vote vert ”
  1. Tu me coupes l’herbe sous le pied ! Je voulais faire un billet, un peu sur le même thème (du moins la première partie), ce matin, mais tu es plus matinal ! On verra…

  2. Bonne analyse. Voter écolo n’est effectivement pas voter à gauche. Voter écolo, c’est voter écolo (pur et dur), à savoir un nouveau système politique. Depuis longtemps, je prêche pour l’autonomie des écologistes. Si l’on m’avait écouté, nous serions plus loin. A ce jour, aucun parti n’incarne véritablement l’écologie; tout est à créer.

  3. Tout à fait d’accord, c’est loin d’être gagné !
    Pour fréquenter les forums D’EELV, je pense qu’il manque à ce jour une personnalité rassembleuse au delà du parti, une nébuleuse agitée depuis des décennies de querelles intestines sévères entre de nombreux courants comme les croissantistes techno-verts (lire ZE-Drive, ZE-Freight), les gauchistes purs, les décroissants purs, les écologues ayant une vraie connaissance scientifique du sujet sous ses multiples facettes, etc. sans compter les petits partis écologistes qui recueillent ceux qui ne supportent plus la dynamique de ce groupe.

  4. Au delà des chiffres électoraux stricto sensu (- régionales de 2019, 13 % des voix pour les vert, soit 3 055 023 voix – pour les municipales 2020, impossibles pour l’instant d’avoir les synthèses), alors que Macron a gagné 2017 avec 20 743 128 voix, on pourra déjà constater l’écart cohérent minimal devant être comblé pour que les verts puisse gagner ou du moins s’approcher d’une présence au second tour.

    On pourra ajouter que les nouveaux élus écologistes et autres vont devoir gérer la rentrée de septembre, et ses suites, où les conséquences sociales et financières post covid seront bien visibles, et qu’il y a deux ans d’ici le vote de la présidentielle.

    Et deux ans, cela peut être très long, surtout si la situation sociale et économique est pas au top, et peut-être que certains élus seront confrontés à un principe de réalité indépassable, je ne sais pas.

    En plus, celles et ceux qui se sont abstenus en 2020 iront bien voter en 2022, et là, c’est la boule de cristal vus les chiffres des dernières élections, et de l’abstention, qui ont porté les verts (2019 et 2020).

    Bref, j’ai rien contre les verts, mais je pense pas qu’ils ont le volume d’électeurs potentiels et qu’ils peuvent être au second tour et jouer la gagne, du moins en 2022.

    Enfin, moi ce que j’en dis !

    Cdt.

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