Face au déchainement de violence auquel nous avons eu droit une nouvelle fois hier à Paris, à Bordeaux, à Toulouse, à Saint-Etienne, c’est vrai qu’il y a de quoi se satisfaire des nouvelles techniques de la réponse autoritaire du pouvoir, à coups d’engins blindés et de chevaux. Hier, il n’y aurait eu que très peu de voitures brûlées, très peu de vitrines cassées, très peu de magasins pillés. Ce n’est toutefois pas l’avis d’Anne Hidalgo et d’Alain Juppé. 89 000 policiers et gendarmes, nous dit-on, pour un peu plus de 100 000 manifestants… Quelle efficacité ! Je me demande ce qui va se passer le jour où 1 million de Français iront manifester leur colère pour davantage de justice sociale ! Si les « élites » politico-économiques restent sourdes et se contentent de donner des miettes de la brioche, ce jour tant redouté – tant souhaité pour d’autres – risque d’arriver bien plus tôt que prévu.
Car, c’est bien de risque d’insurrection dont il faut aujourd’hui parler en France. Dans un pays comme le nôtre, les pouvoirs qui se sont succédé ont oublié deux des mots de la devise de la République. Les gilets jaunes, en fait, nous rappellent que la France est un pays singulier, où la demande d’égalité et de fraternité fait partie de notre histoire, de notre culture commune. Depuis 1983, les élites françaises semblent vouloir y répondre par une réponse inégalitaire matinée d’éléments d’une dérive autoritaire totalement schizophrène. Quand je vois le niveau de salaires atteints par les hauts-fonctionnaires pantouflards et aussi par les DGS des collectivités territoriales, sans aucun rapport avec la réalité du travail fourni, je me dis que nos « élites » ont trouvé avec les exonérations de charges un moyen efficace de restaurer l’esclavage dans notre pays en instituant une trappe à bas salaires pour les bacs +5. L’avenir de nos jeunes et brillants universitaires venus des banlieues et des campagnes françaises est-il de travailler dans nos hypermarchés abreuvés des milliards du CICE ? Les progrès du numérique et l’intelligence artificielle obligeront assez vite nos brillants politicards à leur offrir un revenu universel pour qu’ils puissent rester sagement chez eux à regarder BFMTV et CNews !
Hier, les éditocrates qui se sont succédé sur les plateaux des chaînes d’information semblaient soulager par la réponse autoritaire apportée par le pouvoir. Franchement, je n’ai rien vu de particulièrement rassurant dans la nouvelle stratégie du maintien de l’ordre… nouveau. Ils nous ont récemment expliqué que la colère des gilets jaunes avait été provoquée par un changement d’algorithme intervenu dans Facebook en janvier de cette année. Il paraît même que la révolte aurait été théorisée par Julien Coupat, ce dangereux idéologue de l’ultra-gauche, arrêté hier en possession d’un gilet jaune. Et puis, hier, les militants d’extrême-gauche et d’extrême-droite auraient fait gazou-gazou sur les carcasses de voiture encore fumantes et les barricades incendiées de Paris. Les journaleux de bas étage, ça ose tout et c’est même à ça qu’on les reconnaît !
Entre nous, je ne crois pas que le fait de prendre les gens pour des cons et d’afficher des engins blindés sur les chaînes dites d’information suffise à calmer leur colère et leur demande de justice sociale.
Bonjour,
D’accord avec vous. vous citez le montant des remunérations des DGS : auriez vous un ordre de grandeur ? Merci. Cdlt
@RP
Ça tape entre 6000 et 10000 euros/mois.
D’accord avec toi Denis. Le Mal est très profond; les gilets jaunes ne sont que le symbole d’une « cocotte minute » trop pleine qui vient d’exploser. Reste maintenant à faire l’inventaire de tout ce qu’il y a dans cette marmite (accumulé depuis plusieurs dizaines d’années). Un très gros travail en perspective…..