A nos enfants, nous avons, en vain, cherché à leur transmettre la peur du loup. L’OTAN et les Européens ont trouvé en Vladimir Poutine une nouvelle tête à nos peurs, à peine refroidies par deux années de COVID et de gestion liberticide de la crise sanitaire. Nous sommes chauffés à blanc.
Depuis 2014, 13000 ukrainiens russophones – enfants et adultes – sont tombés au Donbass sous les tirs nourris de leurs « frères » ultranationalistes et de l’armée ukrainienne, sans parvenir à nous extraire la moindre larmichette. Pendant ce temps, nous achetons, pour nos enfants à la Chine de Xi Jinping, les jouets fabriqués par les Ouïghours dans leurs camps d’internement. Nous avons l’indignation très sélective. Sachez que, pour Madame Michu, tous les morts ne se valent pas. Désormais, les Français nous parlent de ces enfants morts sous les tirs nourris de l’armée russe en pleine démonstration de force à Kharkiv et ailleurs. Oui, Poutine est un sale type, qui n’hésite pas à faire la guerre aux Ukrainiens et à assassiner ses opposants politiques ainsi que les islamistes tchétchènes pour le plus grand soulagement de nos démocraties apaisées. Il n’en demeure pas moins le Président de la Russie.
Cette guerre aurait pu être évitée si les accords de Minsk 2 avaient été appliqués et surtout si, comme le rappelle le général Vincent Desportes, l’OTAN avait respecté ses engagements à se dissoudre lors de la chute du mur de Berlin et de l’effondrement de l’URSS. Nous sommes aujourd’hui plongés dans une guerre bien malgré nous. Une guerre aux conséquences économiques totalement imprévisibles. La Russie est le 1er réservoir en gaz naturel, suivi par l’Iran. Pas de chance. La Chine pourra bientôt bénéficier du gaz russe grâce à un gazoduc qui traversera la Mongolie. La Russie est aussi le 2e pays exportateur de pétrole dans le monde.
Les conséquences de l’invasion russe sont immenses pour nos populations et nos économies dépendantes du pétrole et du gaz. Le litre de gasoil, cette semaine, était à 1.80 euros, soit une augmentation de près de 40% en 1 an. Elles ont été hélas amplifiées par des décisions absurdes. La France est le 1er partenaire économique de la Russie. Les entreprises françaises y embauchent près de 160000 Russes, qui finiront par être tous licenciés. Or, comme avec le COVID, nous irons jusqu’au bout de notre folie, de choix imbéciles qui vont nous plonger dans une crise économique et sociale sans précédent. Les engrais viennent de Russie. Nos agriculteurs soufrent déjà de l’explosion des prix du carburant. Le blé vient d’Ukraine et de Russie. En bloquant les exportations russes, les pays arabes vont basculer dans la pénurie. Quelles en seront les conséquences politiques ?
La folie n’est pas chez Poutine. Elle est chez nous. Elle vient de l’impéritie de nos dirigeants. Le monde du XXIe siècle est devenu totalement interdépendant et les blocus ne sont pas compatibles avec son bon fonctionnement. L’équilibre est à la marge. L’amplification des déséquilibres, c’est l’assurance pour l’humanité d’entrer dans le chaos.
Belle analyse. La question qui reste en suspend est : comment se fait-il que nous ayons des dirigeants(*) dont le niveau d’incompétence semble proportionnel à leur niveau d’éducation ?
*Au masculin pour simplifier le texte.
Le problème, il est bien là. Nous avons des dirigeants à notre image.