Cela fait des années que je le dis à mes amis. Avant de manquer de pétrole ou de gaz, le 1er problème que nous rencontrerons est celui de l’eau. En regardant les relevés de la station météo de Saint-Eloi-de-Fourques, vous pourrez observer que le déficit d’eau en glissement d’août 2021 à juillet 2022 est de 25%. Nous avons reçu 460.9 mm de pluie au lieu des 616.13 observés au cours des années 2015-2022. Tout ce que nous vivons était donc parfaitement prévisible. Mais nous regardons ailleurs.
Jusque là épargnée par les orages, ma commune vient de recevoir 11.6 mm de précipitations dans la nuit et la pluie, ce matin, continue de tomber. Il était temps. A quelques kilomètres de chez moi, un feu a ravagé la belle forêt de Montfort : 139 hectares de résineux sont partis en fumée. Pourquoi des résineux en Normandie ? Planter du pin maritime dans les Landes est le fait d’une loi impériale du 19 juin 1857 dont l’initiative revient à Napoléon III. Ah, cette intelligence de la France d’en haut… Remarquez que depuis plus de 150 ans, le choix du prince n’aura jamais été remis en cause, malgré le terrible incendie du massif landais d’août 1949.
Je vous recommande chaudement l’entretien de l’hydrologue d’Emma Aziza sur Thinkerview. Vous y comprendrez pourquoi nous en sommes arrivés là. Le suisse Stéphane Genoud – ça ne s’invente pas – préconise, afin d’éviter le black-out généralisé de la Suisse, de priver Genève et Lausanne de 4 heures d’électricité dans la journée. Le nucléaire a besoin d’eau pour activer ses turbines à vapeur. Le Rhin est à sec. Il n’y a plus la possibilité compte tenu de la faiblesse du tirant d’eau d’acheminer les tonnes et les mètres cubes de charbon, de pétrole et de gaz comme ils l’étaient auparavant par le grand fleuve européen. Et les barrages hydroélectriques sont à leur plus faible étiage. L’absence de précipitations dans le massif alpin n’est même plus compensée par la fonte des glaciers. Pas d’eau, pas d’énergie… sauf quand il s’agit d’éoliennes ! C’est un peu moins vrai pour les panneaux solaires.
En bref, l’eau douce fout le camp à la mer, accélérée par la sécheresse des sols et le ruissellement. Elle engendre la montée des eaux, accélérée par la fonte des glaces et des glaciers de l’arctique et de l’antarctique. Cela fait des années que le GIEC et les écolos expliquent la catastrophe en cours. Il est très difficile de parler de signaux faibles ou de cygne noir, face à l’évidence. Cracher sur les écolos est devenu le sport préféré de tous ces pauvres types plongés dans le déni de réalité. Or, exécuter le messager – même si Rousseau et Piolle méritent des baffes – ne suffira pas à trouver des solutions au problème de l’eau et de l’énergie. Les pro-nucléaires et les électeurs du RN ont ceci en commun de croire à leur vieux monde, celui de Jurassik Park dans lequel 8 milliards d’habitants pourront manger 6 kilos de viande bovine par an nécessitant plus de 15400 litres d’eau par kilo consommé. Ils adulent la technologie. Certains d’entre eux croient dur comme fer que le salut de l’être humain viendrait des sports mécaniques et ses innovations extraordinaires. Ils ne loupent aucune manifestation de tracteurs pulling, où des milliers litres de carburant et de CO2 sont dispersés dans la nature… pour rien. La bonne nouvelle, c’est qu’ils ne pourront plus désormais assister aux 24 heures nautiques de Rouen.
Un système, quel qu’il soit, s’équilibre toujours à la marge. Mais, le laisser tendanciellement se déséquilibrer ne peut hélas qu’engendrer le chaos. Nous n’en sommes désormais plus très loin.
Même si le lien que vous semblez faire entre pro-nucléaires, électeurs du RN et techno-idolâtres me semble fortement douteux, vous avez raison sur presque tout. Sauf évidemment sur la moins mauvaise façon de produire de l’électricité. Ce qui prouve que vous n’êtes pas parfait et c’est tant mieux ; sinon vous auriez fait un score soviétique aux élections et cela aurait paru louche. Merci pour la bonne nouvelle du jour (Rouen). Par les temps qui courent c’est un vrai soulagement à lire.
@Cyrille
Ils ont ceci de commun de croire dans les recettes du vieux monde. Peut-on faire du nucléaire au bord d’une rivière ou d’un fleuve à sec ? Peut-on construire de nouveaux EPR au bord de la mer sachant que la montée du niveau de la mer sera au minimum d’un mètre cinquante ? Il est très difficile de empêcher une centrale nucléaire de contaminer son environnement une fois qu’elle aura les pieds dans l’eau, du fait de la porosité des bétons. Nous ne possédons pas assez de bore pour neutraliser la radioactivité émise par le parc de réacteurs nucléaires. Pour l’essentiel, il est utilisé dans les piscines de barres de combustible usagé. En soi, c’est déjà une folie.
Ce que j’ai voulu dire, c’est que la vision des électeurs du RN et des pro-nucléaires relevait d’un même mirage, celui de la recette miracle.
Je ne crois pas que la plupart des gens favorables au nucléaire le perçoivent comme une recette miracle comme ce fut le cas dans les années 60. Un slogan du Parti pirate est « du nucléaire pour passer l’hiver ». Une idée qui semble d’ailleurs faire son bonhomme de chemin même chez des verts ainsi que le relate le Monde diplomatique de ce mois-ci. Question sécurité et surtout dans le contexte actuel, c’est pas le nucléaire civil qui m’inquiète.
@Cyrille
Il faut 15 ans pour construire une centrale nucléaire. L’uranium est l’un des minerais les plus faibles en terme de rendement à extraire des entrailles de la terre. Ce qui reste à extraire va coûter de plus en plus cher en énergie. Le nucléaire est un mirage.