La France, cette belle engourdie...

La France, cette belle engourdie…

Parmi les définitions lues du verbe engourdir, je retiendrais celle-ci émanant du Larousse : « mettre quelqu’un, son esprit dans un état de torpeur, de passivité« . C’est en discutant autour d’un café avec Edwige hier matin qu’elle a employé le terme d’engourdissement pour désigner la période dans laquelle nous étions entrés.

Cet engourdissement ne date pas d’aujourd’hui et nous le constatons par la rétractation du champ social dans nos campagnes. L’arrivée d’Internet, du haut débit et de Netflix aura accéléré le mouvement, transformant nos villages ruraux en cités dortoirs. Sans connaître particulièrement la ville et les banlieues que j’ai quittées il y a 26 ans, j’ai la sensation que le temps passé à regarder les séries n’est pas spécifique à nos campagnes euroises. Par leur soft power, les États-Unis nous auront imposé leur culture mainstream. Ils auront gagné la bataille culturelle.

Avec le COVID et le confinement, nous sommes passés dans une autre dimension. Résignés, après avoir passé 8 semaines reclus dans leur domicile, les Français acceptent très majoritairement l’idée d’un nouveau confinement, dont on ne sait plus s’il est un souhait implicite du Conseil scientifique, des autorités ou des Français eux-mêmes. Tous ces nouveaux docteurs Frankenstein qui défilent sur les plateaux des chaînes d’information continue seront parvenus en quelques mois à nous inventer un nouveau monstre. Il faut dire qu’avec les milliards d’euros de monnaie créée sans inflation par la Banque Centrale Européenne au travers du rachat d’obligations d’État, les autorités n’ont plus à craindre de voir s’envoler la dette. Le critère d’un taux d’endettement à 3% comme pierre angulaire de l’action publique s’est évaporé du discours du gouvernement français du jour au lendemain. Un monstre en aura chassé un autre, comme par nécessité.

Les grandes entreprises n’ont plus grande crainte à pousser leurs salariés à se mettre en arrêt au moindre petit rhume : elles bénéficient des mesures de chômage partiel mises en place par les autorités françaises. Les amortisseurs économiques et sociaux au travers de ce plan d’une centaine de milliards d’euros sont en place : « too big to fail« . En lisant le tout dernier texte de José Alcala, j’ai compris à quel point la présence d’anciens hauts fonctionnaires dans les Conseils d’administration des entreprises du CAC 40 et l’activisme des lobbies auprès des parlementaires nationaux et européens étaient les stigmates de cette guerre culturelle construite et gagnée de longue date par les néo-libéraux. Le « servir l’État » s’est transformé en « se servir de l’État« . Avec le COVID, nous avons pu mesurer à quel point nos hommes politique n’étaient que de simples marionnettes d’un groupe minoritaire – celui des plus riches – auxquels ils aspirent appartenir. Guattari nous avait expliqué que le capitalisme était adaptable, qu’il pouvait s’accommoder des règlements nationaux et de la fragmentation de la société, des LGBT ou de la Charia, des régimes autoritaires auxquels il aspire de ses vœux. Netflix, la matraque et le politiquement correct finiront d’engourdir la France, définitivement, comme ils l’ont fait dans de nombreux pays du monde.

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3 replies on “ La France, cette belle engourdie… ”
  1. Rien de nouveau. Cela fait des années que des citoyennes, des citoyens et moi même avons fait la même analyse. le monde est apathique, les électeurs et électrices s’abstiennent de plus en plus ,etc… Seule l’écologie pouvait nous sauver . mais personne n’a été capable d’assurer son avènement.

  2. apathique la France …. cela fait 2 ans quasiment qu’il y a des manifestations chaque jour , réprimées durement … Je ne sais si ce sont les dirigeants ou les dirigés les engourdis …
    Avec des référendums dont on ne respecte pas l’issue …

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