La privatisation de l'espace public

La privatisation de l’espace public

Fort de ces 22 années révolues de mandat d’élu local, je voulais évoquer cette tendance de certaines élus, des personnels et des associations à privatiser l’espace public.

Parlons d’abord des élus qui cherchent à s’enrichir personnellement ou bien à transférer à la collectivité les charges qu’ils devraient supporter. Cela va de l’utilisation des salariés pour de sombres raisons personnelles à l’adoption de décisions en matière d’urbanisme ou de prise en charge de travaux par une majorité de conseillers qui n’y comprennent hélas pas grand chose à la manœuvre. Ils peuvent aussi agir pour un tiers en vue d’une prise ou d’un lien d’intérêt à venir, avec parfois rétro-facturation par un proche d’une prestation fictive. Ces malversations sont hélas très difficiles à détecter et à sanctionner. Enfin, je reste abasourdi de l’immense  tolérance des électeurs vis à vis du népotisme amenant les élus à embaucher leurs proches dans les collectivités. Sans doute, auront-ils été biberonnés au slogan thatchérien des années 80… « I want my money back« . On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Parlons ensuite des salariés qui profitent de leur position pour rendre quelques menus services, souvent pour se donner une importance qu’ils n’ont pas ou bien parce qu’ils croient incarner le bien tout en faisant le mal. Le principal problème que nous rencontrons, c’est la constitution de clans qui éloignent les salariés de leur mission de service public. Ils détournent le sens de leur activité pour n’en faire qu’à leur tête et souvent pour en faire de moins en moins, recourant de plus en plus à de bonnes poires. Il peut hélas y avoir des cas où les informations glanées ici ou là, dans le cadre de leur fonction,  peuvent alimenter l’activité de proches ou de copains. Et il est difficile de leur faire rendre gorge, une fois que le pli est pris.

Je parlerai enfin des associations qui mettent le grappin sur des lieux publics en se les appropriant et/ou en y stockant tout un tas de matériel inutilisé, sans aucune autorisation. A l’occasion, elles peuvent se servir de leur visibilité publique pour leurs petites affaires personnelles. Ces associations n’aiment d’ailleurs pas à être recadrées, l’assimilant souvent à une forme d’ingérence dans leurs petites affaires intérieures.

Certains élus s’accommodent de tous ces petits arrangements entre amis. Ce serait pour soi-disant éviter les conflits. Nos fonctions d’élus locaux nous obligent à avoir la nuque raide face à une dérive qui ne cesse de s’amplifier. J’ai, pour ma part, toujours eu cette chance extraordinaire d’avoir dans mon conseil des adjoints qui, eux-aussi, avaient la nuque bien faite.

Toute ressemblance avec des faits existant serait fortuite.

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