Nous étions hier en réunion, au niveau du SIVOS, pour trouver des solutions au gaspillage alimentaire. Il m’y fut reproché l’expression – publique – de mon point de vue sur nos dysfonctionnements, les mails, les publications personnelles sur ce blog et aussi les contenus mis sur Facebook au son d’un hallali de circonstance. Un collègue se crut même autorisé, en réunion, à me demander quel était mon problème, parce qu’il n’avait pas apprécié qu’on s’occupe d’un tas de déchets sur le territoire de sa commune ! Il aurait sans doute fallu filmer cette réunion, afin qu’elle soit analysée minutieusement par les sociologues du présent et du futur.
C’est tout de même drôlatique d’entendre ce discours du moment sur les réseaux dits sociaux et la grandiloquence sur ce sujet de la part de personnes qui n’y connaissent pas grand chose. Je blogue depuis 2005. En 2007, je me suis inscrit sur Twitter et sur Facebook. J’ai même eu ce titre honorifique de plus vieux maire de France inscrit sur Twitter. Je ne sais pas d’ailleurs si je l’ai conservé à l’occasion de la dernière élection municipale. Cela n’a que très peu d’importance.
Derrière cette haine des réseaux sociaux qui s’est exprimée hier soir, il y a d’abord une grande ignorance de ces outils, du fait qu’ils cassent une verticalité à laquelle aspire encore tout un ancien monde. Internet a changé la donne. L’enseignant peut être contrôlé en temps réel par ses étudiants sur les contenus qu’il dispense. Le politique peut être vite contredit par le fact checker sur les chiffres qu’il donne et les propos qu’il tient. Le médecin en est même contraint, parfois, à nous expliquer qu’il n’y connait pas grand chose du haut du piédestal que nous lui avons construit. Le journaliste se googlelise au gré des algorithmes des moteurs de recherche.
De là où ils sont, mes collègues n’ont pas vu le monde changer. Ils ont cherché à remonter dans le wagon, sans que leur structure mentale n’évolue réellement. Nos institutions – y compris sur le plan local – sont à l’agonie, dirigées par des gens incarnant une autorité qui se sera dissoute, sans qu’ils s’en rendent compte. Il y a à repenser nos fonctionnements – nos dysfonctionnements – en mettant davantage d’horizontalité, d’associer plus de gens à la décision. Il nous faut arrêter de croire que nous pouvons trouver des solutions seuls, sans y associer les parents, les enseignants, les personnels et aussi les enfants. Notre petit monde s’accroche à ses prérogatives, à des pouvoirs qu’il n’a plus, en vérité.
Tout ce que vous dites pour la défense des réseaux dits sociaux, je pourrais le reprendre sans changer une virgule… mais pour leur condamnation ! Car je suis tout à fait pour la « verticalité », moi. Et résolument contre le « contrôle » des professeurs par les ânes péremptoires qu’il a devant lui.
(À part ça, « hallali » est du genre masculin…)
Merci, El Professor. Vous oubliez que je fais partie de ces modernoeuds dont vous parliez si bien naguère. Je regrette au passage les railleries dont vous nous accabliez. Vous étiez à chaque fois juste et d’une grande drôlerie.
Je ne vous trouve pas particulièrement modernœud, moi ! Enfin, disons que vous êtes fort loin de figurer parmi les plus atteints…
@Didier
Je vous dois combien, docteur ? ;+)