Le vieux et le nouveau monde

Le vieux et le nouveau monde

Ces élections municipales ne changeront sans doute pas grand-chose à l’ordre du monde. La politique – même locale – est avant tout un moyen d’accompagnement du temps qui passe ! Autrement dit, les élus n’ont pas la capacité à changer les mouvements de la société  : ils ne sont là que pour les accompagner. Je citerai l’exemple des ZNT, où les maires se sont faits le relai de la demande de leurs populations.

Émergence d’une technostructure locale

Pour autant, la vie locale a changé en profondeur durant ces dernières années. Il y a eu d’abord les intercommunalités voulues par l’État dès 1998, sacralisées par la loi NOTRe en 2015. Ne nous trompons pas : pour l’État français, il s’agissait déjà de diminuer les personnels des ministères de l’Intérieur et de l’Économie, des perceptions et des préfectures. A chaque fois, les communes auront plus subies que choisies, avec une baisse de la qualité des services rendues aux collectivités, amenées à compter de plus en plus sur elles-mêmes. Dans une 1ère phase, quelques élus locaux auront réussi à maintenir leur emprise sur le fonctionnement de ces intercos, par l’institution de potentats locaux. Puis, elles se sont autonomisées à partir de 2017, faisant émerger une technostructure dont le moteur n’est plus forcément le service public. Qui est compétent ? Qui dispose du pouvoir de police ? La compétence, à quelques exceptions près, comme l’école, le patrimoine, les chemins communaux, demain l’enfance-jeunesse et le périscolaire pour nos territoires est le fait des intercommunalités. Or, les pouvoirs de police sont le fait exclusif du maire. Pour autant, sans rapport des services compétents, le maire est dans l’incapacité d’exercer son pouvoir de police. La poule et l’œuf.

La nature a horreur du vide.

Reste la vie locale portée largement par les associations et le dynamisme de quelques individus. Si les comités des fêtes, globalement, ne sont pas aujourd’hui au mieux de leur forme, enkystés dans des représentations appartenant au vieux monde, d’autres associations émergent autour de la vie scolaire devenue un pole qui mobilise encore un peu les nouveaux habitants. Et puis, il y a de l’autre côté le retraités. Dans ma petite commune de Saint-Eloi-de-Fourques, le Club des sans souci qui s’adresse aux plus de 55 ans doit son succès à l’esprit d’ouverture qui anime sa Présidente et son Trésorier. Ils ont eu l’idée d’adosser un club de marche aux activités traditionnelles de leur association, en s’ouvrant davantage aux communes voisines. Oui, cest aujourd’hui l’esprit d’ouverture – et non l’esprit de chapelle et de clocher – qui garantit le succès d’une action locale.

Après Dieu, la culture

Le maillon manquant à tout cela est évidemment la culture, malgré la présence de médiathèques dans nos territoires. Bien trop sanctuarisées à mon goût, elles devraient être le 3e lieu dont nos écoles, nos associations et aussi nos habitants ont grand besoin. Là-encore, il faut faire l’effort d’ouvrir ces lieux pour les utiliser à la hauteur de ce qu’ils permettent de réaliser. Et il faut faire vite ! En septembre, l’arrivée du très haut débit risque d’enfermer encore davantage nos habitants dans des gated communities de l’imaginaire. Les murs les plus solides ne sont pas toujours les plus visibles ! Le soft power américain s’est glissé dans les oripeaux du Saint-Esprit.

 
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