Alors que les autorités politiques cherchent à nous masquer toute leur incompétence cumulée avec la mise en place du pass sanitaire, les médias français ont dû se fendre de reportages pour nous montrer les checkpoints des quartiers nord de Marseille. Il aura fallu pour ça que Cédric Jimenez réalise un film de fiction merveilleusement interprété par Gilles Lelouche, Bac Nord, sur le démantèlement d’un trafic de drogue qui a conduit plusieurs policiers en prison. Autrement dit, c’est grâce à la fiction que nous en savons maintenant davantage sur le réel.
Nos vies sont devenues dystopie depuis mars 2020. La seule chose de bien réelle, c’est aujourd’hui la surmortalité constatée de près de 70000 personnes. En 2021, cette surmortalité devrait être faible ou nulle. De quoi meurent les gens ? Du COVID. Clairement, non. Quand une personne de moins de 44 se trouve contaminée, le risque qu’elle décède est proche de zéro. Pour l’essentiel, cette syndémie prospère au royaume de la malbouffe, de l’obésité, de l’hypertension artérielle, du diabète et à leurs effets cumulatifs quand nous avançons en âge. Trop de sel, trop de sucre, trop de calories et surtout insuffisamment d’exercice. Dans les quartiers nord de Marseille, les jeunes ont plus de risque de mourir par balles que de décéder des conséquences du COVID.
La hausse des prix à laquelle nous sommes confrontés depuis plusieurs mois – notamment le prix des carburants – a amené le gouvernement à rallonger le chèque-énergie de 100 euros dans l’urgence. Une poire pour la soif ? Pendant ce temps, la valeur du patrimoine des 0,1% les plus riches a, selon les sources, au moins doublé au cours des 35 dernières années. Le mouvement d’appauvrissement généralisé des classes moyennes et populaires va nous précipiter dans les bras de ceux qui sauront porter toute cette colère en devenir. Et le nudging de BVA qui préside aux destinées de la France depuis 2017 n’y pourra pas grand chose. Il y a un paradoxe à voir les forces de l’ordre demander les pass sur les terrasses des cafés pendant qu’elles laissent des gamins contrôler les cartes d’identité sur les checkpoints des quartiers nord de Marseille pour 120 euros la journée. Imaginez qu’on en vienne à légaliser le cannabis : les pauvres des quartiers seront alors dans les manifs et, là, ce sera bien autre chose que de gazer et de tabasser de gentils petits blancos armés de leur sourire et de leur bonne humeur.
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