Les solutions énergétiques existent.

Les solutions énergétiques existent.

Je suis atterré de toute cette haine anti-écolo qui se  déverse, croyant que la solution passerait par la mort politique du messager et la construction de nouveaux EPR, dont la logique est celle d’un vieux monde.

Au moment du projet de construction d’un nouveau réacteur à Flamanville, je militais au sein de Stop EPR avec Alain Corréa et Guillaume Blavette. Le collectif avait alors fait des propositions alternatives autour de la construction de champs d’hydroliennes et d’éoliennes marines. Si nous avions été écoutés, il n’aurait pas fallu attendre 15 ans pour disposer d’une puissance supplémentaire de 1630 MW. Pour rappel, le rendement d’un réacteur EPR serait de 38%. Ce chiffre ne tient pas compte des arrêts techniques du réacteur pour des opérations de maintenance. Il s’agit donc d’une puissance théorique. Tous les 15 mois en moyenne, il faut arrêter les réacteurs 30 jours pour les recharger en combustible. Le temps cumulé des opérations de contrôle et de maintenance liées au vieillissement du parc fait que le taux de disponibilité s’est effondré à 57%. Il était de 80% il y a dix ans. Si on applique un taux moyen de 65%, le rendement de l’EPR tombe à 24.7%. Comme l’éolien, le nucléaire est donc une énergie par nature intermittente.

Comparé au nucléaire, l’éolien a un rendement – on parle de facteur de charge – en forte progression du fait de mats toujours plus grands. Nous sommes passés entre 2017 et 2020 à un rendement allant de 21 à 26.3%. Et la France n’a toujours pas construit le moindre champ éolien marin off-shore, dont le facteur de charge est de 38%. Autrement dit, le rendement de l’éolien est aujourd’hui supérieur à celui du nucléaire. C’est un fait. Pour les hydroliennes, le rendement est au minimum de 40%. Pourquoi nous acharnons-nous à vouloir du nucléaire, alors que d’autres alternatives plus intéressantes et moins dangereuses existent ? En grande partie, par pur conservatisme.

Nous ne pourrons pas faire face au chaos énergétique qui s’annonce sans réduire notre consommation. Oui, il faudra réfléchir sur les moyens de diminuer le trafic aérien, sans doute par une surtaxe du kérosène abondant un fonds de financement des EnR. Oui, il faudra se priver des éclairages nocturnes des magasins et des enseignes. Ces mesurettes, aussi symboliques soient-elles, ne permettront pas de résoudre l’équation de la double sortie du carbone et du nucléaire. Nous n’avons pas d’autres choix que de réfléchir aux moyens de piéger le carbone en mettant un coup de frein notoire à l’artificialisation de nos sols et en végétalisant et en reboisant nos villes et nos campagnes. Le choc économique provoqué par une réduction du trafic aérien peut être largement compensé en mobilisant nos industries sur la fabrication d’éoliennes, d’hydroliennes, de panneaux solaires. A l’image de ce qui s’est passé avec succès en matière d’électro-ménager, nous devrons, tôt ou tard, contraindre les fabricants d’objets numériques en tout genre à des normes de consommation drastiques quant aux composants et aux processeurs utilisés. Comme le Kosovo, il serait peut-être temps de faire la peau des crypto-monnaies, dont le minage au niveau mondial atteint dans l’année un peu moins de la production des réacteurs nucléaires français. Et le chiffre est sans doute très en deçà de la réalité. Enfin, comme l’ont proposé les écolos, la solution passe également par un plan massif d’isolation des bâtiments publics et des maisons des particuliers. Je crains que la volonté de diminuer de 1° la température des lieux de travail se heurte au vieillissement d’une population qui aime se chauffer à 22-24° ainsi qu’au goût du confort et de la facilité.

J’ai ici beaucoup parlé d’électricité. Je n’ai pas évoqué les moteurs thermiques, dont nous aurons hélas toujours besoin. L’hydrogène propre, au même titre que le tout électrique, est un leurre et se heurte à la nécessité de disposer de gisements de lithium et de cobalt que nous n’avons pas. Comme l’expliquait Philippe Meyer dans un de ses ouvrages, la guerre contre le diesel fut menée, avec succès, par les États-Unis pour faire barrage à la concurrence des motoristes européens. Bien qu’émettant moins d’oxyde d’azote, de monoxyde de carbone et de CO2, le diesel est mis à l’index pour ses émissions de particules, malgré les FAP et les pots catalytiques installés sur les véhicules européens. Sur ce sujet comme bien d’autres, il faudra qu’une réévaluation soit faite. L’adjonction d’huiles végétales recyclées permettrait de diminuer fortement la quantité de particules issues de la combustion du diesel. Nous aurons toujours besoin de moteurs diesels. Pour autant, la meilleure façon de diminuer nos émissions de particules et de CO2 est de mettre un frein au passage des camions sur notre territoire par le développement du ferroutage. Tâchons, en parallèle de maintenir le cap en matière de covoiturage, de télétravail et de solutions douces dans le transport de proximité.

1
2 replies on “ Les solutions énergétiques existent. ”
  1. Le charbon (extraction et combustion) est source à lui seul de 45% des émissions de CO2 dans l’atmosphère et son exploitation est en plein boum depuis 10 ans. Si on y ajoute les industries du pétrole et du gaz, on dépasse les 80% d’émissions de carbone…Et ce n’est pas près de diminuer même si on baisse notre consommation en Europe, un américain consomme en moyenne 100 kg de charbon pas an, un chinois 45kg, un indien 10kg…les multinationales qui exploitent les réserves des combustibles fossiles ont un bel avenir. Songez qu’EDF possède avec China Energy des participations (19.6% du capital) dans un consortium de 3 gigantesques centrales à charbon chinoises (3060 mégawatts)…

    1. @Robert

      En effet, je ne vois pas comment à court et à moyen terme nos émissions de CO2 pourraient diminuer, avec une population de 7.5 milliards d’habitants. Les sociétés humaines sont, par nature, entropiques.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *