Mardi 19 janvier soir, une enfant de la commune, fille d’un conseiller municipal par ailleurs, marchait tranquillement le long de la RD 92, après être descendu du car de ramassage scolaire. Il était 17 h 30. Une maman présente me raconta la scène.
Le bus stationnait à droite de la route en ayant pris soin de mettre ses warnings. Alors qu’il est difficile de se croiser à cet endroit et tout le long de cette route d’ailleurs du fait de son étroitesse, une petit camion de chantier, suivi d’un semi-remorque, s’est alors mis à doubler le car sans ralentir pour gagner quelques secondes. Le camion de plus de 7.5 tonnes a dû alors violemment se rabattre sur la droite, là où l’enfant marchait, à cause d’une voiture qui venait en face. Il s’en est fallu de quelques centimètres pour que la gamine vole en morceaux.
Cette route départementale est interdite au plus de 7.5 tonnes depuis le 9 juillet 2013. Or un des transporteurs riverains continue de l’emprunter, alors que le schéma départemental de circulation préconisait d’emprunter un autre trajet pour se rendre à son dépôt. J’ai tenté de discuter avec le responsable de cette entreprise. Un type buté. « Je paie une taxe à l’essieu, m’a-t-il expliqué, et vous pouvez me verbaliser. Ça ne changera rien. » J’ai à plusieurs reprises demandé à la gendarmerie d’intervenir pour verbaliser ses conducteurs. L’arrêté départemental co-signé par mon prédécesseur indiquait une interdiction de circulation pour les plus de 7.5 tonnes sauf desserte locale. Les gendarmes n’ont donc pas pu verbaliser.
Vendredi, j’ai eu au téléphone assez longuement le responsable du transport scolaire de l’Intercom Bernay Terres de Normandie, le lieutenant de gendarmerie, responsable du COB de Brionne, ainsi que la correspondante de la direction des routes. A l’issue de nos discussions, j’ai donc décidé de prendre un arrêté complétant l’interdiction, en imposant un trajet aux transporteurs et aux logisticiens riverains de la route départementale 92, afin de sécuriser davantage les enfants, usagers du ramassage scolaire. Si le transporteur dispose d’appuis auprès des services préfectoraux, il fera en sorte de chercher à casser mon arrêté. Je refuserai alors de le retirer et nous irons devant le Tribunal administratif, en prenant soin d’avertir la presse locale de la situation. Pour autant, quand il s’agit de problèmes de sécurité routière, les services de l’État évitent de nous chercher des poux sur la tête.
Si cette enfant avait été blessée, j’aurai alors immédiatement présenté ma démission au Conseil municipal, sans la moindre hésitation.
Heureusement que la demoiselle n’a pas été blessée !
Cela n’est pas sans rappeler le tragédie de ce pont suspendu indument emrunté par un convoi de plus e 50 tonnes alors que le passage était limité à 19 tonnes.
Pour quelques kilomètres …
Oui.
En Amérique du Nord, un autobus scolaire arrêté au bord de la route est l’équivalent d’un feu rouge, dans les deux sens de la circulation (sauf si terre-plein au centre). Le doubler ou le croiser alors qu’il fait descendre des enfants, c’est s’exposer à une lourde amende et se voir amputer son permis d’un nombre de points très conséquent. Une mesure simple et très efficace.
Bravo à un élu qui prend ses responsabilités ! Tous ne le font pas, hélas.