Le monde d’après est bien le monde d’avant… en pire.
A l’heure où la convention citoyenne nous conseille de ralentir si nous ne voulons pas sombrer, certains employeurs – entrés de plein pied dans le monde d’après en marche arrière – n’ont toujours rien compris à l’intérêt du télétravail. Et ils ont raison. Pour que notre monde vive, il faut continuer à polluer et à perdre son temps dans les transports, accessoirement à s’endetter pour disposer de nouvelles voitures. La dette a toujours été l’un des moteurs de nos sociétés.
Et puis, sans cocotte à surveiller dans sa basse-cour, le « patron » n’a plus grand chose à faire. Il s’ennuie au travail, voire au télétravail qu’il s’accorde tout de même pour lui-même, depuis qu’il fut mis un terme au droit de cuissage. Le confinement a été un calvaire pour cet homme qui, d’un coup, s’est vu perdre en intérêt social. Il n’en dormait plus et ses performances au golf – et au lit ? – en ont été profondément affectées.
Le néo-libéralisme a cette capacité de faire gonfler le contrôle dans notre société, au point d’entraver les acteurs économiques. Tous ces gens qui constituent l’encadrement de nos sociétés – dont on ne sait plus ce qu’ils foutent exactement – pénalisent la productivité par une augmentation des coûts. Ils sont devenus des empêcheurs ! C’est quoi le travail aujourd’hui pour un directeur qui a sous ses ordres des chefs de services payés pour contrôler le travail des autres ? Avons-nous compris quelque chose à ce qui s’est passé dans l’industrie automobile gangrénée par la présence de chefs de départements, de chefs de service, de chefs d’ateliers, de contre-maîtres et autres régleurs dont les emplois ont été détruits en masse à la fin des années 80 ?
Notre monde se caractérise de plus en plus par la prolifération de ces pyramides inversées. Mais, au fait, y-a-t-il du boulot pour tout le monde ? La convention citoyenne préconise 28 heures de travail hebdomadaires et, je cite, de « favoriser des nouvelles modalités d’organisation du travail« . Elle ne nous aura pas donné les clés pour nous débarrasser des cons – que le coronavirus aura épargnés en masse – qui continuent d’empêcher leur petit personnel de télétravailler . J’ai peur qu’il n’y ait rien à attendre de plus d’une 2e vague hypothétique.
Vous avez raison, il faut supprimer les patrons et tout ce qui va avec, en particulier les golfs, le droit de cuissage et aussi les entreprises qui sont le fondement même de l’existence de patrons..
« C’est quoi le travail aujourd’hui pour un directeur qui a sous ses ordres des chefs de services payés pour contrôler le travail des autres? Ben vous décrivez-là l’administration dans toute sa splendeur, peut-être même celle de votre commune…
J’espère, comme con, que le virus continuera de m’épargner…
@RPH
Dans nos petites communes, il y a beaucoup d’autonomie, par nature. Les maires y sont des médiateurs et des sortes de coordonnateurs sans grand pouvoir, même si certains s’évertuent tout de même à emmerder leurs habitants.
Quant à l’exemple de ce « patron », c’est du vécu par une personne qui m’est très proche.
D’expériences vécues dans des collectivtés employant des milliers de fonctionnaires, en qualité d’élu local ou de chef de service, je confirme que le développement de la pyramide inversée à été spectaculaire dans l’administration territoriale au cours des 4 dernières décennies, au détriment de l’efficacité. Pour payer ces hauts salaires, on remplace le moins possible les départs en retraite des employés de la base, ce qui ne fait qu’aggraver cette crise de croissance et managériale, dont j’ignore si elle est une spécialité française.
Du vécu par une personne qui m’est très proche : pareil mais ici, c’est une patronne. Avant le confinement, le télétravail était a-b-s-o-l-u-m-e-n-t impossible. Trois jours après le confinement, il est devenu très possible. Mercredi prochain il ne le sera plus.