Une oligarchie de l'ego, de l'hybris, de la connivence et de l'incompétence

Une oligarchie de l’ego, de l’hybris, de la connivence et de l’incompétence

Il est toujours difficile de qualifier la manière dont nos sociétés humaines fonctionnent, d’en connaître le moteur. Emmanuel Todd parle d’une aristocratie stato-financière, qui, malgré sa volonté de libéraliser la société, ne fait que de renforcer la place de l’État, tout en remarquant une autonomie de plus en plus grande de la police par rapport au pouvoir central. Jean-Louis Borloo avait été un des rares ministres à dénoncer l’inversion de la pyramide de la décision au niveau de l’État français.

La crise du Covid-19 a montré un gouvernement, un Président, une « classe » politique devenus les porte-paroles d’une bureaucratie et d’une technocratie d’État, paralysés, sans aucune capacité à décider. Entendez-vous le silence assourdissant de tous les députés du parti majoritaire, le petit doigt sur la couture de leur pantalon ?

Partout, que ce soit au niveau de nos collectivités, de nos administrations, de nos entreprises et de nos associations, ce sont le népotisme, le clientélisme, la réseaucratie, le corporatisme, le copinage, la corruption ou la kleptocratie, le lien d’intérêt, l’égotisme, l’hybris qui expliquent les choix des « dirigeants ». Les promotions sont là pour saluer des serviteurs zélés, très souvent incompétents, usés, à court d’idées, improductifs, manquant de créativité. Notre nouveau monde est avant tout celui de la servitude volontaire, de la soumission et de la peur. Et le salariat – ce contrat de la subordination – est la version moderne du servage

J’aurais voulu utiliser le mot de reptilocratie pour désigner le système dans lequel nous sommes entrés. C’est sans doute faire injure aux reptiles. Malgré un accès universel à la connaissance favorisé par Internet, les gens en sont réduits à croire aux mérites relatifs supposés d’un iPhone par rapport à un Android et vice versa. Quel sens cela peut-il avoir de dépenser plus de 1000 euros dans un téléphone, là où 100 euros font l’affaire, en dehors de tous ces milliards tombés dans l’escarcelle des actionnaires de ces entreprises ? Quel sens cela peut-il avoir d’acheter des gros véhicules polluants pour se déplacer ? Question de standing ? Question d’hybris ? Le moteur mimétique – l’envie, la jalousie pour l’essentiel – exacerbé par les marketeux n’a jamais été aussi prégnant dans nos sociétés.

Certains d’entre nous croient à l’effondrement. Tous ces gens, du haut-fonctionnaire au président d’une entreprise du CAC 40, en passant par le cadre supérieur qui passe des heures dans son bureau, font corps contre l’ensemble de la société qui aspire à faire partie de cette « élite ». Oui, mettons-y des guillemets et prenons cette expression avec des pincettes. Comment expliquer cette complaisance vis à vis d’élus, de cadres ou de fonctionnaires corrompus pris la main dans le pot de confiture ? « Tu comprends… C’est normal… A ce niveau-là, tu ferais exactement pareil. » Et, ben, mon gars, tu peux aller te brosser : certainement pas !

C’est vrai qu’il y a du Gamelin et du Nivel chez Macron. Et comme le disait Todd, il fait jeune, il nous parle de startup nation et c’est un vieillard dans sa tête. Alors, pour tenir les troupes, on verse des primes aux policiers pour qu’ils tapent encore plus fort sur les manifestants. On verse aussi des primes à des personnels soignants. Petite anecdote. Hier à ma permanence de Mairie, une habitante est venue m’expliquer que sa sœur, aide-soignante, qui avait de nombreux symptômes du Covid-19 avait fait le choix de continuer à travailler pour pouvoir bénéficier de la prime de 1500 euros. Comment expliquer qu’un agroculteur – malgré sa capacité à nous prendre pour des cons – puisse, les yeux dans les yeux, nous vanter les mérites sur l’environnement des pesticides qu’il utilise ? Ces exemples, je crois, résume assez bien le monde dans lequel nous sommes. Le système ne s’effondrera pas de sitôt. Car, nos responsables en connaissent parfaitement le moteur. Et, nous cherchons encore à le qualifier.

 

 
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