J’ai pris le temps de me farcir tous les commentaires concernant l’enquête publique relative à la construction d’une nouvelle piscine à Bernay. 38 pour ; 11 contre. Parmi les commentaires argumentés, 9 contre et 3 pour. Mon observation en tant que maire de Saint-Eloi-de-Fourques est référencée sous le numéro 35.
Si les gens sont pour, c’est avant tout parce qu’ils habitent Bernay et sa « banlieue » immédiate. C’est aussi pour des convenances personnelles, très éloignées de l’intérêt général et des problématiques financières liées à un projet pharaonique de plus de 12 millions nets à payer par l’IBTN, là où la rénovation de l’actuelle piscine coûterait moins de 2 millions d’euros. Le plus drôle – ou le plus ridicule ??? – des commentaires est celui d’un tri-athlète qui nous explique avoir besoin de cette piscine pour la pratique de son sport. Cet homme a un sens aigüe des Communs.
Le dossier de l’enquête publique centrée sur la compatibilité du projet avec le PLU de Menneval ne présente très peu de données financières et aucun détail sur le plan de financement de l’opération, tout particulièrement pour ce qui est de la prise en charge de la TVA. Je ne vois pas dans ces conditions comment la population sollicitée pourrait se prononcer sans disposer de ces éléments. Il y a là un problème formel qui exigerait à lui seul d’annuler cette enquête publique. Les opposants à ce projet disposeront de deux mois après la décision administrative pour faire un recours auprès du Tribunal Administratif de Rouen.
J’ai pour ma part fait valoir un autre argument contre ce projet : l’effet d’éviction sur les autres compétences exercées par l’Interco. Lorsque vous mobilisez 12 millions d’euros en sollicitant lourdement votre capacité d’endettement, cela a pour conséquence de ne plus pouvoir emprunter pour d’autres investissements. Nicolas Gravelle, le Président actuel, s’est présenté sans nous dire quel était son projet politique. Mais nous l’avons vu se dessiner au fur et à mesure du temps qui passe :
- Bernay, Bernay et toujours Bernay qui continue de se dépeupler ;
- le développement des zones d’activités qui nous coûte cher fiscalement ;
- les agriculteurs du sud de Bernay, avec notamment l’aménagement de la Charentonne et le ruissellement sur Mesnil-en-Ouche.
Un projet ultra-clientéliste, assez traditionnel chez des gens de droite !
Le seul souci est toujours le même : la poule ou l’œuf ? Autrement dit, en se défaisant de la compétence enfance jeunesse et des gymnases rétrocédés aux communes, très rapidement, nous serons devant des murs financiers qui nous obligeront à nous défaire de services précieux rendus à la population. Sans accueil de loisirs, sans périscolaire, sans infrastructure sportive en dehors de ce projet mégalomaniaque de centre aquatique, comment voulez-vous attirer les entreprises et fixer la population ? Que dire de la valeur des maisons que des personnes âgées cherchent à vendre pour retourner en ville ? Ces choix font en fait que nos territoires s’appauvrissent et risquent de se vider. Heureusement, nous avons la fibre et le télétravail permet de limiter la casse en amenant de nouveaux habitants venant de la région parisienne. Nous sommes sauvés.
NB La ressemblance entre Yul Brunner et Nicolas Gravelle ne saute pas forcément aux yeux. Mais, à y regarder de plus près… ;+)
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