Que penser de la revue Front populaire ?

Appeler une revue Front populaire avec Philippe de Villiers comme auteur n’est pas la meilleure idée qu’ait eue Michel Onfray. C’est même, disons-le, de très mauvais goût.

Pour autant, l’analyse du philosophe est que le vrai clivage, dans notre pays, se situe sur la question de la souveraineté et de l’Europe. Il y aurait d’un côté le clan des maastrichtiens dont la politique peu démocratique – souvenons-nous du vote du TCE en 2005 – a produit la désindustrialisation massive de notre pays. Pour Onfray, le marqueur de cette politique de l’ anti-France fut le tournant de la rigueur voulu en 1983 par Mitterrand et Gros Quinquin. De l’autre, il y aurait le souverainisme – à ne pas confondre avec le nationalisme d’extrême-droite – qui prône la sortie de l’Europe et la sortie de l’euro dans le pire des cas pour retrouver les moyens d’une certaine politique et d’une certaine idée de la France.

Je fais partie, pour ma part, de cette famille politique des souverainistes de gauche. J’ai voté non à l’euro. Non au TCE. Comme Montebourg. Comme Debray. Comme Onfray, s’il a daigné, ce jour-là, aller voter. Et, à chaque fois, pour nous marginaliser, les européistes de la gauche de gouvernement ont toujours cherché à nous caricaturer en nous expliquant que nous aurions voté de la même façon que les électeurs du FN devenu RN. Oui, et alors, avec qui, eux, ont-ils voté ces donneurs de leçons ? Sarkozy, celui, vous vous souvenez, qui a créé le ministère de l’identité nationale. Oui, il y a deux gauches irréconciliables.

Hier, j’ai écouté, impuissant, les propos orduriers et confus de Vincent Cespedes sur Michel Onfray, jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Il avait organisé avec Elodie Jauneau un monologue à la mode Finkielkraut. Il justifie son analyse parce que Michel Onfray est applaudi par le RN, Le Pen et Philippot et parce que Valeurs actuelles parle de lui dans sa feuille de chou. Il évoque ensuite, selon ses mots, un souverainisme dégoulinant de merde. Il parle des Français comme des êtres suffisants. En matière de suffisance, je pense que Michel Onfray a trouvé son maître.

 
6 replies on “ Que penser de la revue Front populaire ? ”
  1. C’est vraiment très curieux, cette manie actuelle (mais plus si récente que cela, déjà) qui consiste à penser que si un journal parle de vous, vous devenez automatiquement d’accord, voire « complice » avec les gens qui font ce journal, avec sa « ligne directrice ». De même, si un écrivain, un philosophe, etc. accorde une interview à un journal, il devient automatiquement, dans l’esprit de ces imbéciles (l’inénarrable Gauche de Combat est le plus flamboyant exemple de cette amoindrissement de la pensée), un ardent soutien de la politique défendue par ce même journal.

    1. J’ai peur qu’il s’agisse d’une maladie plus perceptible chez les gens de gauche, qui, à la manière d’hommes n’assumant leur féminité, se présentent aux autres en homophobes patentés. Bref, des gens pas clairs avec eux-mêmes.

  2. Je découvre que je suis un « souverainiste de gauche » et je trouve le concept intéressant. Où peut-on lire Onfray sur ce sujet ?
    Au passage, merci pour le lien récent vers l’interview de Montebourg !

  3. Tu as dû décroché juste avant que je ne lui réponde que le soutien apporté à Onfray n’engage que ceux qui lui apportent son soutien.
    Mais qu’importe.
    Je comprends mieux maintenant.
    Ce fut bref, mais intense.
    Merci pour ce moment comme dirait l’autre.

    1. @Elodie

      J’ai préféré tourner court à nos échanges pour ne pas indisposer Nicolas qui t’apprécie tout particulièrement. Le connaissant, il aurait eu un peu de mal à accepter que son profil FB se transforme en pugilat entre nous. C’est tout ! Et, je n’ai pas envie de me diluer dans des débats stériles.

      Il est difficile de discuter avec quelqu’un qui affirme qu’Onfray serait de droite, voire d’extrême-droite. C’est une insulte à l’intelligence, du très bas niveau, indigne. C’est ce que font d’ailleurs les médias vis à vis de cet homme de talent, pour le décrédibiliser. Ce serait du même acabit que de te dire : « Tu es de droite, parce que tu es au PS. » Ridicule. Des méthodes dignes du P’tit Père des peuples.

      Il y a des choses qui m’énervent chez Onfray comme sa référence systématique et quelque peu figée à Maastricht. Et, j’ai voté contre l’euro. Je ne voyais pas comment on pouvait mettre en œuvre une monnaie commune, sans intégration politique. En fait, il y aurait dû avoir le TCE avant l’euro. On peut critiquer Onfray. Je suis le 1er à le faire. Mais de là, à le jeter avec l’eau du bain, avec de telles méthodes…

      Être souverainiste de gauche, c’est être très vite qualifié de néo-fasciste. Le souverainisme n’est pas le nationalisme. Il n’est pas une forme de repli identitaire et/ou communautaire, comme peut l’être parfois le combat LGBT et féministe, par exemple.

      Et, surtout, n’arrête pas de bloguer. Comme beaucoup, je continue et j’apprécie à te lire, même si je ne partage pas toujours tes analyses.

      Bises.

      Denis.

      1. Merci pour ta réponse.
        Comme je l’ai dit, le soutien de l’extrême-droite à Onfray n’engage que ceux qui lui apporte et pas l’auteur lui-même.
        Je discute avec tout le monde même si je ne suis pas d’accord avec eux.
        Et surtout, je ne les bloque pas sur les réseaux sociaux.
        Sauf s’ils m’insultent ou me menacent. Comme ce fut déjà le cas à plusieurs reprises.

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