Nous vivons une époque intermédiaire dans notre pays, où, je crois, nous sommes en train de glisser en dehors des clous de la République. Depuis 1 an et demi, le principe de liberté a été mis à rude épreuve : confinements, ausweis, couvre-feux et maintenant pass sanitaire… un autre ausweis encore plus contraignant. Nous instituons un monde où l’homme nouveau de cet ordre nouveau doit pouvoir voyager, aller au resto, dans les bars et les boîtes de nuit, dans les musées, les théâtres et les cinémas, dans les stades et les gymnases. Du pain et des jeux. Muni de ce nouvel ausweis, il pourra consommer et jouir sans entrave. Ce fameux pass sanitaire lui garantit le bonheur d’un entre-soi auquel il aspirait à l’insu de son plein gré. « On ne mélange pas les torchons et les serviettes« . Et, même pour aller à l’hôpital ou chez le médecin, sans aucune garantie qu’une personne lui filera tout de même la petite vérole chinoise, il sait qu’il y sera en bonne compagnie. Ouf. Nous n’avons pas encore inventé de léproseries modernes. C’est désormais une question de temps ou d’imagination. Ayez confiance…
Pourtant, nous aurions dû nous inquiéter lorsque les libéraux américains vantaient le régime du général Pinochet. Nous aurions dû nous interroger quand nous avons décidé de faire sous-traiter une grande partie de notre production industrielle à nos « amis » chinois, appréciés pour la stabilité de leur régime politique, malgré tout le carbone exhumé dans l’atmosphère. Alors que nous parlons d’illibéralisme chez les autres, les mesures autoritaires se multiplient dans notre pays au travers de la répression policière, des conseils de défense, des lois d’exception, des décrets et surtout des protocoles en tout genre conçus par des gens parfaitement incompétents. N’ayez crainte sur le fait qu’ils soient un jour récompensés pour bons et loyaux services rendus aux labos et à quelques autres. Il faudra regarder où cette aristocratie stato-financière, selon les mots choisis d’Emmanuel Todd, nous les recasera après la crise, en cas d’échouage aux élections de 2022. Je n’ai aucun doute sur leur avenir radieux, tracé péniblement au son de décisions douloureuses et impopulaires qui relèvent de la mise au pas de la société. Quels hommes courageux !
Vous allez me dire que, chez nous, nous pouvons encore nous exprimer. La presse, dans les mains de quelques industriels, y serait même libre et non faussée. Fadaises ! Comment voulez-vous que les médias puissent exercer leur liberté, en dépendant des annonceurs et des 1.8 milliards d’euros d’aides à la presse versés par l’État français ? L’équilibre se fait toujours à la marge et, sans les subventions, les journaux tels que l’Humanité, Libération et la Croix seraient déjà ad patres. Quant aux fameux nouveaux médias indépendants, parlons-en : Mediapart, dirigé par un ancien trotskard en goguette, vient de censurer Laurent Mucchielli pour un article sur les morts de la vaccination en France. Un sujet tabou, même pour Edwy Plenel et Fabrice Arfi, prêts pourtant à défendre la veuve et l’orphelin.
Comme je suis quelqu’un de gauche, j’ai toujours appris à lire la devise de notre République à l’envers. Il est temps de la relire à l’endroit : Liberté, Egalité, Fraternité ou la mort.
« Depuis 1 an et demi, le principe de liberté a été mis à rude épreuve »
Je vous trouve bon prince. 2015, en France, serait plus exact. D’ailleurs, des mesures « anti-terroristes » prisent à cette époque, évidemment de façon temporaire, viennent d’être pérennisées manu militari. Plus globalement, disons que novembre 1989 est un bon point de départ ; lorsque le capitalisme réalisa qu’il n’avait subitement plus besoin de la démocratie libérale.
En conséquence, nous avons maintenant un bon paquet de politiques et autres décideurs totalitairement extasiés par le modèle chinois. Une bonne croissance économique, même à coup de crédit social, ce qu’est le pass-sanitaire, ca fait rêver.
@Cyrille
La comparaison entre le crédit social chinois et le pass sanitaire me semble totalement pertinente. Bien vu.
Pour le basculement, disons plutôt 2005 et les émeutes dans les banlieues françaises.
J’aime bien « sortie de route » c’est délicat.
Moi plutôt bourrin dans l’observation, j’aurais plutôt titré « emplafonnement d’un saule pleureur ».
Pas facile d’être mesuré pour évaluer des dégâts d’une arnaque en cours