Tri sélectif

Tri sélectif

J’ai passé pas mal de mon temps à l’occasion de la dernière foire à tout à Saint-Eloi-de-Fourques, à faire le tri sélectif qu’organisateurs et exposants s’évertuaient à ne pas respecter, parfois par pur malin plaisir. C’est vrai, qui y-a-t-il de plus drôle à voir le maire de la commune en personne aller mettre ses mains en pleine crise du COVID dans les mouchoirs et morceaux d’essuie-tout des poubelles pour aller récupérer plastiques, papiers et cartons ? J’ai dû être le plus gros consommateur de gel hydroalcoolique de la journée de samedi.

Le non respect du tri sélectif en dit long sur l’état d’esprit d’une personne, le niveau d’exercice de sa responsabilité, parfois son degré d’imbécilité. J’ai souvent remarqué que ceux qui émettaient des doutes sur la réalité du bio mettaient en cause dans les mêmes termes la réalité du tri sélectif ! Le souci de l’environnement est évidemment le cadet de tous ces gens qui, majoritairement, privilégient la simplicité et leur petit confort personnel. Il faut se souvenir de ces tonnes de déchets qui, pendant des années, ont été directement jetés à la mer au pays basque espagnol et qui continuent de polluer activement les plages du golfe de Gascogne.

Derrière le tri sélectif, il y a une autre réalité : l’emploi dans les filières de l’insertion des accidentés de la vie. Autrement dit, plus vous triez, plus vous permettez le développement d’emplois liés à cette nouvelle économie circulaire, dont nous pourrions nous passer si nous ne produisions pas de déchets. Un doux rêve. Nos ordures, nos rebus, nos produits usagers sont en fait des gisements de richesse. Avec l’augmentation du prix des matières premières, certains de nos déchets vont valoir de l’or. Le cuivre se situe aujourd’hui à 4891 euros la tonne.

Faute de papeteries, après que la Chine a décidé récemment de restreindre ses importations, le prix du papier et du carton recyclés s’est complètement effondré. Alors que le volume de cartons a explosé dans nos déchetteries du fait du développement du commerce en ligne, le groupe finlandais UPM vient de fermer son unité de production de papier recyclé de la Chapelle-Darblay, située à Grand-Couronne, en Seine-Maritime. Il y a derrière la gestion de nos déchets un enjeu de souveraineté. D’où viennent les cartons que nous consommons aujourd’hui ? Sans augmentation significative des taxes sur ces emballages, nous serons infoutus de financer une économie locale du recyclage. Claude, un de mes amis, avait songé, il y a quelques années, à industrialiser la production de briquettes de cartons et de papiers compressés pour se chauffer. On pourrait également imaginer utiliser ce papier compressé pour des produits d’isolation.

Pour rappel, le meilleur déchet reste celui qu’on ne produit pas. Pour le carton et le papier, c’est encore plus vrai, compte tenu de la quantité de main d’œuvre nécessaire, d’eau et d’énergie pour les recycler !

 

 
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